Son personas que disfrutan lo que viene sin prejuicios, sin estereotipos, y eso es lo que me hizo enamorarme de esto y hacer que carretee hasta la hora de la callampa y llegue pa’l pico a la pega.
Evelyn
Ce n’est pas la première fois que je vis à l’étranger et que je m’aperçois qu’il est difficile d’accéder aux communautés locales qui, chez soi, nous ressemblent le plus : les milieux artistique, académique et queer sont relativement fermés sur eux-mêmes, ici comme ailleurs. Je venais au Chili avec le fantasme de me tailler une place parmi ces milieux dans lesquels je circule assez librement chez moi, à Montréal, mais ça prend manifestement plus de temps, d’efforts et surtout de courage pour en faire partie lorsque nous sommes seul.e.s. Mes fréquentations assidues des centres de documentation et des fonds d’archives de musées de Santiago, des lancements et vernissages, des colloques et conférences universitaires, des manifestations et événements queer n’ont pas suffi. Je m’y attendais, et je n’en suis pas plus déçu, entre autres parce que j’ai trouvé au sein d’événements hebdomadaires d’échanges linguistiques entre Chilien.ne.s et expatrié.e.s une communauté diversifiée, ouverte et tellement buena onda que nos conversations tournent rapidement à la fête, que nos sourires gênés des premières minutes se sont vite transformés en blagues grivoises, en vulgarités et en déclarations d’amour, toutes des dérives qui ont un air de famille : quand on rit à travers nos accents sur fond de reggaeton, nous nous répétons en réalité que nous appartenons l’un.e à l’autre, à ce groupe volatile, peut-être temporaire et parfois pas assez conscient de ses privilèges, mais léger et festif, où les relations se bâtissent en célébrant nos différences et dans un accueil extraordinaire de l’autre. Malgré le bruit, les vulgarités imbibées d’alcool y las tonterías que decimos, j’ai cru qu’il était honnête de suivre mon instinct d’enregistrer et de monter quelques unes de nuestras noches de carrete.
[Evelyn, Alice, Bemah, Andres, Javiera, Catalina et Sebastian, 4 décembre 2018, bar California Cantina (Providencia, Santiago) + Samantha, Alejandro, Evelyn, Francisca, Pamela et Jamel, 11 décembre 2018, Club 57 (Bellavista, Santiago)]